Code METAR
FZDZ
Symbole météo
Bruine qui tombe sous forme liquide, mais qui gèle au contact du sol ou d’autres surfaces.
Termes connexes à venir :
Inversion, système de haute pression et écoulement ascendant sont des termes connexes à bruine verglaçante qui seront ajoutés bientôt au Référentiel de météorologie à l'aviation.
Le processus de formation classique (profil à gauche) est très similaire à celui de la pluie verglaçante. Dans ce cas, de petits cristaux de glace tombent à travers une couche chaude de la basse atmosphère et fondent, avant de continuer à tomber dans une couche d’air sous le point de congélation plus proche de la surface. Les gouttelettes de bruine n’auront pas le temps de regeler dans cette couche, mais gèleront au contact du sol ou d’autres surfaces. Ce modèle de formation est le moins courant et est le plus souvent associé à l’approche de fronts chauds. Ce phénomène est de courte durée et est souvent mélangé à de la neige, avant de se transformer en pluie ou en bruine.
Points importants :
Source de l'image : Environnement et Changement climatique Canada
Le processus de formation non classique est le processus dominant par lequel la FZDZ se développe. Il se caractérise par des stratus dont la température se situe intégralement en dessous du point de congélation. De petites gouttelettes surfondues d’eau liquide (gouttelettes d’eau de moins de 0 °C) se développent, rebondissent et fusionnent pour former de plus grosses gouttelettes de bruine. Lorsque les gouttelettes de bruine deviennent suffisamment grosses, elles commencent à tomber à travers le nuage et gèlent à la surface, ou lorsqu’elles rencontrent un objet, comme un avion.
Source de l'image : Environnement et Changement climatique Canada
Dans l’image à gauche, la climatologie de la bruine verglaçante montre le nombre annuel moyen de jours où il y a eu de la bruine verglaçante entre 1976 et 1990. Des facteurs tels que les écoulements ascendant et vers le littoral favorisent la formation de FZDZ, qui ajoutent de l’humidité et de la portance, ce qui favorise la formation de gouttelettes de bruine. Par conséquent, le Canada atlantique (en particulier Terre-Neuve-et-Labrador), les îles de l’Arctique et d’autres régions du pays proches de grandes étendues d’eau (en particulier près de la baie d’Hudson et de la baie James) sont propices au développement de FZDZ. La bruine verglaçante peut durer relativement longtemps si la masse d’air et la direction du vent ne changent pas.
Source de l'image : Cortinas Jr. et coll. (2004).
La FZDZ est difficile à prévoir, car elle nécessite des conditions très précises pour se développer. Le principal défi consiste à déterminer la profondeur du stratus. En effet, celui-ci doit être suffisamment profond pour contenir assez d’humidité pour que les gouttelettes se regroupent en gouttelettes de bruine et commencent à tomber. Cependant, s’il est trop épais et les températures au sommet des nuages trop froides, on aura tendance à favoriser le développement de cristaux de glace et de neige, avec de la neige légère observée à la surface. Il est difficile d’atteindre une profondeur de stratus propice. C’est pourquoi on qualifie généralement de PROB le risque de FZDZ dans une TAF tant qu’on n’a pas observé ce phénomène. La bruine verglaçante est un phénomène mal prévu par les systèmes numériques de prévision météorologique.
Un autre défi de la prévision est le typage des précipitations, et la question de savoir si la bruine verglaçante va geler ou non. La neige en grains se développe selon le même processus que la FZDZ, mais à des températures généralement plus froides. La neige en grains commence sous forme de bruine verglaçante dans le nuage, mais comme le nuage est suffisamment froid, elle gèle avant d’atteindre la surface. Il s’agit d’une « bruine verglaçante gelée ». Elle n’est généralement pas associée à des conditions de givrage à la surface, mais suppose un risque de conditions de givrage modéré à l’intérieur du nuage.
Ces panneaux GFA du 13 décembre 2022, valides à 1200Z, indiquent une large bande de bruine verglaçante sur le sud-est de la Saskatchewan et le centre-ouest du Manitoba. À l’intérieur de la ligne pointillée orange sur le panneau des nuages et des conditions météorologiques (à gauche), les conditions sont idéales pour la formation de bruine verglaçante : plafonds bas autour de 200 à 600 pieds au-dessus du sol (AGL) et sommets entre 5 000 et 7 000 pieds. Sur le panneau des nuages et du givrage (à droite), on voit un givrage transparent par endroits ou encore modéré de la surface à 2 000 pieds à l’intérieur de la zone attendant de la bruine verglaçante. Il est aussi question de bruine verglaçante localisée à l’est du creux stationnaire, mais elle atteindra difficilement la surface, puisque la base des nuages dans ces régions devrait être plus élevée.
Les panneaux GFA, valides à 0600Z le 14 décembre, montrent que la zone organisée et étendue de bruine verglaçante s’est dissipée. Malgré cela, on prévoit encore de la bruine verglaçante par endroits sur une grande partie des Prairies, où le sommet des nuages demeure bas et annonce encore des conditions IFR à la surface. Sur les parties sud du Manitoba et l’extrême sud-est de la Saskatchewan, on prévoit des précipitations plus profondes et mieux organisées associées à la langue d’air chaud en altitude liée à la dépression centrée sur le Nebraska. Comme le sommet des nuages associés à ces précipitations organisées est beaucoup plus élevé que les stratus nécessaires pour maintenir la formation de bruine, on prévoit que l’épisode de bruine verglaçante prendra fin lorsque la langue d’air chaud en altitude atteindra la région.
La TAF pour Portage la Prairie, à environ 70 km à l’ouest de Winnipeg, indique un épisode de bruine verglaçante de longue durée. La TAF émise à 1308Z le 13 décembre est la première émise pour la journée à cet aéroport. Elle indique des vents du sud-est, de la bruine verglaçante mélangée à de la faible neige, et des plafonds couverts à 500 pieds. La prévision indique que la bruine verglaçante s’atténuera après 2000Z, et qu’il ne restera qu’une faible neige.
On voit ici les profils atmosphériques modélisés pour Portage La Prairie (CYPG) entre 1200Z le 13 décembre et 0600Z le 14 décembre par intervalles de temps de 6 heures. Cliquez sur le carrousel d’images pour suivre les intervalles décrits dans cette section. Les profils de 1200Z et 1800Z le 13 décembre montrent que les bas niveaux de l’atmosphère sont saturés avec des plafonds de nuages bas et des sommets de nuages autour de 5 000 pieds. Ces deux premiers profils constituent des circonstances parfaites pour le développement de la bruine verglaçante.
Source de l'image : Pivotal Weather (en anglais seulement)
On voit ici les profils atmosphériques modélisés pour Portage La Prairie (CYPG) entre 1200Z le 13 décembre et 0600Z le 14 décembre par intervalles de temps de 6 heures. Cliquez sur le carrousel d’images pour suivre les intervalles décrits dans cette section. Les profils de 1200Z et 1800Z le 13 décembre montrent que les bas niveaux de l’atmosphère sont saturés avec des plafonds de nuages bas et des sommets de nuages autour de 5 000 pieds. Ces deux premiers profils constituent des circonstances parfaites pour le développement de la bruine verglaçante.
Source de l'image : Pivotal Weather (en anglais seulement)
Le profil 0000Z du 14 décembre montre que le point de rosée et la température se rejoignent dans les niveaux moyens, signe d’une saturation plus profonde, de nuages plus épais et de sommets de nuages plus élevés. Ces épais nuages (qui correspondent à l’approche de la langue d’air chaud en altitude visible sur les panneaux GFA) et le sommet élevé des nuages entraînent le passage d’un environnement propice à la bruine verglaçante à un environnement propice à la croissance de gouttelettes d’eau plus grosses, de cristaux de glace et, finalement, au développement de flocons de neige.
Source de l'image : Pivotal Weather (en anglais seulement)
Les modèles météorologiques numériques détectent difficilement la bruine verglaçante, principalement parce que les modèles météorologiques gèrent mal l’humidité et les nuages à basse altitude, où se forme généralement la bruine verglaçante. Dans les cartes de « type de précipitations », la bruine verglaçante est très souvent omise ou extrêmement surestimée. Avec les cartes de taux de précipitations, il arrive souvent que la bruine verglaçante ne soit pas détectée du tout, car elle ne donne pas grand-chose du point de vue des précipitations accumulées. Dans l’animation à gauche, les taux de précipitations horaires prévus sont indiqués de 1200Z le 13 décembre à 1200Z le 14 décembre. Le lobe de précipitations associé au creux de surface dessiné sur les panneaux GFA de 1200Z du 13 décembre et la zone de précipitations plus organisées qui s’approche et qui est associée à la dépression sur le nord des États-Unis sont montrés. Cette animation ne montre pas de bruine verglaçante, probablement parce que les accumulations étaient trop faibles pour être détectées par le modèle météorologique.
Cet exemple montre pourquoi il faut d’autres produits et exposés météorologiques pour bien diagnostiquer le risque de formation de bruine verglaçante.
Source de l'image : College of DuPage (en anglais seulement)
Cette image satellite a été prise le 13 décembre entre 1550Z et 2020Z. On peut distinguer les nuages à basse altitude recouvrant la Saskatchewan et le Manitoba et produisant de la bruine verglaçante (au nord-ouest, lisses et immobiles) des nuages de haute altitude en approche associés au système dépressionnaire et à la langue d’air chaud en altitude se déplaçant depuis le nord des États-Unis (au sud-est, bosselée, en mouvement). La différence de couleur entre ces deux zones indique que la majeure partie du nuage à basse altitude est composée d’eau, tandis que le nuage plus épais de haute altitude est un mélange d’eau et de glace. C’est le nuage à basse altitude qui favorise la formation et le maintien de la bruine verglaçante en Saskatchewan et au Manitoba. Bien qu’il soit impossible de discerner avec exactitude le sommet des nuages sur l’image présentée ici, il y a une délimitation claire entre les nuages qui favorisent la bruine verglaçante et les nuages qui favorisent la neige. Comme le montrent les panneaux GFA, les sommets devraient se situer entre 5 000 et 7 000 pieds.
Source de l'image : CIRA
Les RADAR ont parfois du mal à détecter la présence de bruine verglaçante, en particulier lorsque les plafonds sont si bas à l’endroit où la bruine verglaçante se produit qu’ils sont hors de portée du faisceau du radar. Cette boucle RADAR, valable le 13 décembre de 1900Z à 2230Z, montre peu ou pas d’échos de précipitations dans la région de CYPG (Portage La Prairie), alors que les METAR indiquent qu’il y a eu de la bruine verglaçante et de la faible neige pendant la même période. Les précipitations plus organisées associées à la langue d’air chaud en altitude et à la dépression qui empiètent sont plus facilement reconnues par les échos qui se déplacent dans le sud du Manitoba au sud de CYPG vers la fin de l’événement.
Source de l'image : RADARSCOPE (en anglais seulement)
Selon les observations de surface, Portage La Prairie (CYPG) a connu un épisode de bruine verglaçante qui a duré au moins huit heures (les observations antérieures à 1200Z n’étant pas disponibles pour cet emplacement, on ne connaît pas l’heure de début de l’événement). Les conditions demeurent IFR tout au long de l’événement, les plafonds allant de 300 à 500 pieds. Remarquez que certains METAR montrent des plafonds plus élevés (1724Z, 2000Z, après 2049Z) et sont associés soit à l’absence de précipitations, soit à de la faible neige. On constate ainsi le contexte particulier nécessaire au développement de bruine verglaçante, et qu’un changement dans la hauteur du plafond nuageux a modifié la hauteur des précipitations observées à l’aéroport. Après 2049Z, les plafonds se sont considérablement levés, entraînant la dissipation totale de la bruine verglaçante.
Source de l'image : OGIMET
Perte de portance due à l’accumulation de glace sur les surfaces critiques, temps d’occupation de la piste accru, diminution du freinage et surfaces pouvant être glissantes en raison de l’accumulation au sol.
Gestionnaire de l'exploitation en service
Du point de vue de la NTMU, la planification en cas de bruine verglaçante est semblable à celle en cas de pluie verglaçante. Toutes les mesures seront prises pour déterminer les répercussions sur l’état des pistes, la quantité de produit de dégivrage nécessaire et la durée de l’épisode.
Contrôleur tour (aéroport principal)
La bruine verglaçante nécessite une planification similaire à celle requise pour la pluie verglaçante, bien que l’accumulation de glace soit moindre.
Contrôleur tour (aéroport régional)
À Sault Ste. Marie (CYAM), l’administration aéroportuaire s’efforcera de faire en sorte que le coefficient de frottement sur piste convienne aux compagnies aériennes. Les contrôleurs veillent à la transmission de cette information en temps opportun. Les conditions attendues sont moins intenses qu’en cas de pluie verglaçante, mais la planification et l’exécution seront similaires.
La bruine verglaçante constitue une menace plus insidieuse que la pluie verglaçante, en raison de son taux de chute faussement léger. Bien que la bruine verglaçante ne s’accumule pas aussi rapidement que la pluie verglaçante, elle a une incidence générale similaire sur les cellules d’aéronef et les surfaces aéroportuaires. Les hélicoptères, en particulier, peuvent éprouver de graves pertes de performances en cas de bruine verglaçante, en raison de l’exposition de mécanismes de contrôle complexes dans le moyeu du rotor et sur les surfaces des pales. La bruine verglaçante se produisant souvent près du point de congélation, l’observateur météorologique doit surveiller attentivement la température de l’air et l’indicateur d’accumulation de glace pour détecter la transition de la bruine à la bruine verglaçante et transmettre les données d’observation appropriées.
FIC
Un spécialiste de l’information de vol doit très bien connaître la performance des cellules d’aéronefs pour pouvoir fournir un exposé aux pilotes en cas de bruine verglaçante. Certains aéronefs bien équipés peuvent très bien fonctionner dans de telles conditions, tandis que d’autres se comportent comme des aimants à glace, qui ne peuvent même pas être mis en marche en toute sécurité au sol. L’hélicoptère Hughes 500 en est un exemple parfait, en raison de son rotor exposé. La glace s’accumule rapidement à l’intérieur et à la surface des commandes du moyeu du rotor, limitant considérablement ou réduisant à néant la capacité du pilote à utiliser le manche ou la commande de pas collectif. En outre, d’épaisses couches de glace s’accumulent aussi sur les pales, et cette glace est ensuite projetée dans les airs en raison de la très grande vitesse de rotation des pales.
La bruine verglaçante illustre donc un paradoxe sur le plan des facteurs humains : un phénomène dangereux qui ne semble pas aussi grave que d’autres nécessite plus de compétences de la part du spécialiste qui fournit un exposé afin de bien faire comprendre la menace au client.
AAS
Pour déterminer s’il tombe de la bruine verglaçante, les spécialistes du service consultatif observent attentivement la visibilité, le plafond et l’écart entre la température et le point de rosée, et vérifient fréquemment l’indicateur d’accumulation de glace. Il faut tenir compte du temps de dégivrage et de la durée d’efficacité lorsqu’on travaille avec les contrôleurs IFR à la mise en séquence des arrivées et des départs et pour garder les véhicules d’entretien sur l’aire de manœuvre aussi longtemps que possible avant une arrivée ou un départ.
La bruine verglaçante aura peu d’incidence sur l’exploitation du contrôle terminal, car le givrage est différent de celui engendré par la pluie verglaçante. Certains pilotes d’aéronefs peuvent refuser d’attendre dans des conditions de bruine verglaçante, ce qui peut avoir une incidence sur la capacité, mais on parle ici d’une incidence minimale par rapport à d’autres formes plus importantes de précipitations verglaçantes.
La bruine verglaçante n’a pas de répercussions à haute altitude (FL290 et plus haut), à moins que quelqu’un ne demande plus hâtivement l’état de la surface des pistes (RSC). Pour les aéroports régionaux, ces conditions peuvent entraîner des changements de destination, mais l’incidence sur les opérations de l’espace aérien supérieur est vraiment mineure.
Accumulation de glace sur un avion à réaction à la suite d’une bruine verglaçante signalée à Winnipeg (CYWG) le 18 janvier 2023 vers 2300Z. L’image suivante est une photo de la couche nuageuse avant la descente, prise à une altitude de 10 000 pieds. On y voit les sommets inférieurs qui, associés à d’autres conditions favorables, préparent le terrain pour la formation de bruine verglaçante.
Source de l'image : Joshua Martin, pilote professionnel
Cette image du sommet des nuages, prise à une altitude de 10 000 pieds le 18 janvier 2023, montre la faible profondeur de la couche nuageuse produisant de la bruine verglaçante et le givrage de l’avion qui en résulte lors de la descente, comme le montre l’image précédente.
Source de l'image : Joshua Martin, pilote professionnel