Code METAR
S.O.
Symbole météo
Les ondes de relief sont un type d’ondes orographiques causées par l’écoulement d’un vent fort traversant un type de barrière tel qu’une chaîne de montagnes et limité à une faible profondeur de l’atmosphère. Le phénomène étant directement lié à la barrière, les ondes de relief sont stationnaires par rapport à la barrière.
Terme connexe à venir :
Inversion est un terme connexe à onde de relief qui sera ajouté bientôt au Référentiel de météorologie à l’aviation.
Les ondes de relief se produisent lorsqu’un vent fort traverse une barrière telle qu’une chaîne de montagnes. Une couche d’air stable est essentielle au développement de ces ondes. Cette stabilité est typiquement caractérisée par une forte inversion de température, où la température augmente avec l’altitude au lieu de diminuer. Lorsque le vent atteint la barrière, il s’élève au-dessus de celle-ci, mais est dévié vers les niveaux inférieurs de l’atmosphère sous le vent en raison de la couche stable. Cette inversion au sommet de la montagne ou plus haut est souvent appelée « couche critique ». Cette couche permet d’amplifier les ondes orographiques dans les couches situées entre elle et le sommet de la montagne.
Une force de vent suffisante est nécessaire pour générer et maintenir les ondes de relief et leur mouvement ascendant et descendant par rapport à l’air stable. Cet écoulement doit également présenter un fort cisaillement du vent dans une couche stable profonde, les vents augmentant avec la hauteur au-dessus du sommet de la montagne et la stabilité diminuant au-dessus de la barrière. Les ondes de relief sont plus probables lorsque la direction du vent est à peu près perpendiculaire à l’orientation de la barrière. En général, un vent qui souffle à au moins 30° perpendiculairement par rapport à la barrière suffit pour assurer la formation d’une onde de relief.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’une exigence stricte, la présence d’humidité dans l’atmosphère peut accroître les chances de pouvoir confirmer la présence d’ondes de relief grâce à la formation de nuages. L’humidité peut contribuer à la formation de nuages lenticulaires, de nuages rotors ou d’autres caractéristiques nuageuses qui accompagnent les ondes de relief. Toutefois, la stabilité de l’air dépend principalement de la température, de sorte que des ondes de relief peuvent encore se former dans un air relativement sec.
Source de l'image : COMETOuvrir une nouvelle fenêtre (en anglais seulement)
Les ondes de relief se composent d’une alternance de crêtes et de creux, comme les vagues de l’océan. Les crêtes représentant le mouvement ascendant de l’air et les creux, le mouvement descendant. La distance entre les crêtes ou les creux consécutifs est appelée longueur d’onde. Les ondes de relief ont une longueur d’onde de 5 à 35 km et peuvent persister sur des centaines de kilomètres sous le vent de la barrière. La hauteur de ces ondes est généralement limitée à quelques milliers de pieds du sommet de la montagne, et leur amplitude diminue avec l’altitude.
Les nuages lenticulaires et les nuages rotors sont souvent associés aux ondes de relief. Les nuages lenticulaires se forment lorsque l’air humide s’élève et se refroidit en montant au-dessus de la crête de l’onde. Ils peuvent être stationnaires ou se déplacer lentement avec le vent, ce qui indique la présence d’ondes de relief. Les nuages rotors sont des nuages turbulents qui peuvent se former sous la crête d’une onde de relief. Ils résultent de l’interaction entre l’onde et l’écoulement d’air descendant derrière la crête de l’onde.
Il est important de noter que la structure d’une onde de relief peut varier en fonction des conditions atmosphériques précises, de la forme de la montagne ou de l’obstacle, et d’autres facteurs. La structure de l’onde peut être influencée par l’interaction entre l’onde et l’écoulement d’air environnant, ainsi que par la stabilité de l’atmosphère et la teneur en humidité.
Voici une représentation des ondes de relief et de la formation des nuages lenticulaires et des nuages rotors. En fonction de l’humidité en altitude, les ondes de relief peuvent former des altocumulus ou des cirrocumulus lenticulaires dans les crêtes des ondes. Il en résulte un schéma nuageux bien connu avec des bandes de nuages lenticulaires qui reflètent le profil de la barrière. Des nuages rotors peuvent également se former sous la crête des ondes de relief.
Source de l'image : SkybraryOuvrir une nouvelle fenêtre (en anglais seulement)
Dissipation
Les ondes de relief se poursuivent jusqu’à ce que la vitesse ou la direction du vent change suffisamment ou que le profil de stabilité de l’atmosphère se modifie. Les causes typiques de la dissipation des ondes de relief peuvent être le passage d’un système dépressionnaire et de son front froid associé ou l’augmentation de la pression du côté au vent de la barrière
Durée
La durée des ondes de relief peut varier considérablement en fonction de plusieurs facteurs, notamment les conditions atmosphériques, la topographie et le régime des vents. Les ondes de relief peuvent persister pendant des périodes relativement courtes, telles que quelques minutes ou quelques heures, ou durer plusieurs heures, voire plusieurs jours dans certains cas. L’observation des ondes de relief et la prévision de leur durée exacte peuvent s’avérer difficiles en raison des interactions complexes entre les conditions atmosphériques et la topographie. L’utilisation de modèles à haute résolution et d’observations détaillées et l’interprétation par des météorologues peuvent aider à fournir des estimations plus précises de la durée des ondes de relief dans des situations particulières.
En général, les ondes de relief au Canada sont plus fréquentes dans les régions présentant un relief montagneux important. Il y a fréquemment des ondes de relief dans les provinces de l’Ouest, telles que la Colombie-Britannique et l’Alberta, qui abritent les montagnes Rocheuses et la chaîne Côtière. Les Appalaches, à l’est, connaissent également la formation d’ondes de relief.
En outre, les Prairies canadiennes, situées à l’est des montagnes Rocheuses, peuvent également connaître des ondes de relief. Dans cette région, des ondes de relief peuvent se former lorsque de l’air stable circule au-dessus des montagnes Rocheuses et rencontre le terrain relativement plat des Prairies.
Voici une carte de la topographie du Canada. Comme le montre la partie inférieure du graphique, les montagnes Rocheuses forment les plus hautes altitudes du Canada, qui sont plus propices à l’apparition d’ondes de relief. Les montagnes côtières et les Appalaches, dans l’est du Canada, sont également sujettes aux ondes sous le vent.
Source de l'image : LarousseOuvrir une nouvelle fenêtre
En règle générale, les ondes de relief sont plus fréquentes en hiver, lorsque les vents sont les plus forts et que l’atmosphère est la plus stable. Inversement, c’est pendant les mois d’été, lorsque l’atmosphère est moins stable, qu’ils sont les moins fréquents.
Voici un graphique montrant la fréquence des PIREP qui signalent de la turbulence due aux ondes orographiques. Le graphique montre clairement que la plupart des cas de turbulence due aux ondes orographiques sont signalés en décembre et en janvier, lorsque l’atmosphère est plus stable et que les vents sont les plus forts. Il y en a beaucoup moins en juillet, en août et en septembre.
Source de l'image : COMETOuvrir une nouvelle fenêtre (en anglais seulement)
La détection des ondes de relief peut être difficile, car elles ne sont pas toujours visibles à l’œil nu. Les principales difficultés liées à la prévision des ondes de relief consistent à déterminer si la vitesse du vent, le cisaillement et la stabilité de l’atmosphère vont générer une action d’onde suffisante pour provoquer de la turbulence. En règle générale, la vitesse minimale du vent nécessaire à la formation d’ondes de relief est d’au moins 20 nœuds au sommet de la montagne. Le prévisionniste doit également évaluer la direction du vent et déterminer s’il est perpendiculaire à la chaîne de montagnes, et doit établir si l’atmosphère est stable près du sommet de la montagne et si le cisaillement du vent est suffisant pour produire des ondes de relief.
Les modèles de prévision ne traitent pas bien les ondes de relief, car la résolution verticale n’est pas suffisante pour déceler ces caractéristiques. Les nuages lenticulaires et les rotors sont également très localisés, et une expertise de la topographie locale est requise pour pouvoir faire des prévisions.
Le panneau GFA sur les nuages et la météo, valide à 1200Z le 28 octobre 2022, montre des isobares perpendiculaires aux Rocheuses, et de forts vents de surface prévus dans l’extrême sud de l’Alberta et en Saskatchewan, et des rafales de 45 kt prévues autour de Pincher Creek (CZPC).
Le panneau de givrage et turbulence est celui où les mentions de turbulence d’ondes de relief seront décrites, y compris l’emplacement et l’altitude touchés. Le 28 octobre, une forte turbulence mécanique et d’ondes de relief est prévue juste au sud de CYYC jusqu’à la frontière des États-Unis, de la surface jusqu’à 10 000 pieds.
Ce profil atmosphérique SRPD représente les conditions prévues à 2100Z le 28 octobre 2022 à CZPC (Pincher Creek, Alberta), qui se trouvait alors dans une région de turbulence d’ondes de relief prévue, pour laquelle un SIGMET a également été publié. Les sommets des Rocheuses à l’ouest de CZPC se situent en moyenne autour de 8 000 pieds, ou 750 hPa, et comme l’indique la section La science expliquée, les ingrédients nécessaires au développement et au maintien de la turbulence d’ondes de relief comprennent : une inversion juste au-dessus de 750 hPa créant la « couche critique » nécessaire (cercle violet) et des vents forts presque perpendiculaires aux Rocheuses. Il y a une instabilité atmosphérique sous cette inversion jusqu’à la surface, ce qui explique la présence d’une turbulence mécanique possiblement forte, comme le mentionne la GFA, et le risque de rafales à 45 kt dans la région de CZPC.
Source de l'image : Pivotal Weather (en anglais seulement)
Il s’agit de la prévision GTG (Graphical Turbulence Guidance), valide à 2200Z le 28 octobre, à une altitude de 7 000 pieds. L’étroite zone de taux de dissipation des tourbillons plus élevé le long du côté sous le vent des Rocheuses en Alberta reflète l’activité des ondes de relief prévue ce jour-là, les sections les plus méridionales de la province affichant les valeurs les plus élevées. Cette zone est colocalisée avec la zone de forte turbulence prévue dans le panneau de la GFA.
Source de l'image : Aviation Weather Center (en anglais seulement)
L’imagerie satellitaire, visible du 28 octobre 2022 entre 1610Z et 2300Z, illustre de multiples signatures associées à l’activité des ondes de relief. Des bandes nuageuses stationnaires parallèles aux montagnes Rocheuses peuvent être observées tout au long de l’événement. Ces nuages sont le résultat de la montée et de la descente de l’air qui se propage à l’est de la chaîne, avec suffisamment d’humidité dans l’air pour former des nuages dans les zones de mouvement ascendant. Une couche de cirrus plus élevée et stationnaire est visible et particulièrement prononcée juste à l’est des Rocheuses, dans la partie la plus méridionale de l’Alberta. Cela coïncide avec le SIGMET émis et la zone d’activité des ondes de relief les plus fortes. Enfin, l’écart étroit et clair que l’on aperçoit immédiatement à l’est des Rocheuses, et dont la largeur est définie par la longueur d'onde des ondes de relief associées, est également connu sous le nom de brèche de foehn.
Source de l'image : CIRAOuvrir une nouvelle fenêtre
L’imagerie satellitaire de la vapeur d’eau à l’étage moyen, valide de 1610Z à 2340Z le 28 octobre 2022, montre l’activité des ondes de relief d’un point de vue légèrement différent. Une bande sombre est visible plus près du côté sous le vent des Rocheuses, dans le sud de l’Alberta, avec des ondes de gravité juste à l’est. Il s’agit d’une autre perspective de la brèche de foehn vue sur des images satellitaires visibles. Elle montre l’air en subsidence sur le côté sous le vent immédiat de la chaîne de montagnes, suivi d’ondes de gravité lorsque l’air se propage vers l’est. Les zones bleues et vertes stationnaires et clairement définies sont des cirrus orographiques de haute altitude associés à des ondes se propageant verticalementOuvrir une nouvelle fenêtre (en anglais seulement). Des recherches ont montré que la présence de cette caractéristique avec une brèche de foehn augmente la probabilité de turbulence dans la zone.
Source de l'image : CIRAOuvrir une nouvelle fenêtre
Le METAR de CZPC (Pincher Creek), valide à 2100Z au sein de la zone du SIGMET actif, décrit l’instabilité atmosphérique montrée dans le profil atmosphérique sous la section des prévisions. Des vents de surface soutenus à 32 kt et des rafales à 41 kt confirment le renforcement du mélange présent avec des vents plus forts en altitude, rendu possible par l’instabilité dans la région.
Le SIGMET G7 est un SIGMET de prévision émis à 2000Z le 28 octobre 2022 pour une activité d’ondes de relief de la surface jusqu’à 12 000 pieds. Il s’agit d’un SIGMET de prévision plutôt qu’un SIGMET d’observation, car aucun PIREP n’a été reçu pour confirmer la présence de turbulence. Cependant, les signatures satellitaires, les METAR et les données des modèles de prévision dont disposaient les prévisionnistes présentaient tous des signatures classiques associées à son développement.
La vue sud de la caméra Web depuis CZPC (Pincher Creek), de 2020Z à 2120Z (voir le texte en rouge dans le coin supérieur droit pour l’heure de validité), illustre, au niveau du sol, les signatures montrées dans l’imagerie satellitaire. L’espace relativement dégagé entre les Rocheuses, que l’on voit au loin, et la nappe de cirrus stationnaire sur le côté gauche de l’image est la brèche de foehn, que l’on voit à la fois dans l’imagerie satellitaire visible et dans l’imagerie satellitaire de la vapeur d’eau de l’étage moyen. Dans le cirrus orographique stationnaire de gauche, on aperçoit de multiples bandes parallèles de nuages associées à l’activité des ondes de relief. Notez que le bord le plus à l’ouest de cette couche de cirrus (ligne rouge) reste clairement défini, seule la couverture nuageuse varie du nord au sud. Cette caractéristique stationnaire est également représentée sur les images satellitaires associées.
Turbulences, dommages à la cellule, risque de mal de l'air et de blessure pour les passagers à bord.
Gestionnaire de l'exploitation en service
Ce phénomène touche le plus souvent CYYC et la FIR d’Edmonton, car c’est sur le côté sous le vent des Rocheuses jusqu’en Alberta où apparaissent souvent des ondes de relief. D’un point de vue stratégique, les ondes de relief ou ondes orographiques – ces dernières étant indiquées dans une GFA et les SIGMET correspondants (lorsqu’elles se produisent) – seront communiquées aux surveillants et aux contrôleurs de sous-unités. De la turbulence attribuable aux ondes de relief se produit assez souvent dans le voisinage de CYYC. On reçoit parfois des comptes rendus de turbulence forte, qui entrave la capacité à assurer un espacement RVSM et augmente la charge de travail des contrôleurs. La prévision des turbulences est un bon outil d’appui.
La turbulence d’onde de relief peut être extrêmement dangereuse pour les opérations aériennes dans certaines régions montagneuses du Canada. Lorsqu’un fort écoulement venant de l’ouest traverse les montagnes Rocheuses, on peut observer des ondes de relief à 350 NM à l’EST de la frontière entre la Colombie-Britannique et l’Alberta, provoquant de la turbulence en air clair à moyenne altitude sur le sud de la Saskatchewan. En fonction de l’épaisseur de la masse d’air circulant au-dessus des montagnes, des ondes de relief peuvent se propager à la fois verticalement et horizontalement. Ces ondes sont souvent visibles sous la forme d’altocumulus lenticularis. À basse altitude, dans les environs immédiats vent arrière de la chaîne de montagnes, des nuages de tourbillon peuvent se former. Ces nuages qui tourbillonnent à l’horizontale sont un signe visible d’un fort cisaillement du vent. La vitesse verticale développée à l’intérieur d’un nuage de tourbillon peut facilement dépasser les capacités de compensation des aéronefs légers, ce qui provoque un impact sans perte de contrôle. S’il est pris dans le courant ascendant du nuage de tourbillon, un aéronef léger peut être involontairement propulsé en quelques minutes bien au-dessus de son altitude d’exploitation sécuritaire, ce qui crée un risque sérieux d’hypoxie pour l’équipage et les passagers et peut provoquer un dépassement d’altitude ou une intrusion non autorisée dans l’espace aérien contrôlé, avec un risque de perte d’espacement ou de collision avec un aéronef IFR dans l’espace aérien de classe A.
Les spécialistes du service consultatif des emplacements situés en aval des zones montagneuses avertissent toujours les pilotes lorsqu’il existe un risque d’onde de relief et surveillent les altocumulus lenticularis et les nuages de tourbillon pour confirmer la présence d’une telle onde. On demandera toujours des PIREP lorsqu’une onde de relief est possible ou a été constatée.
Ce phénomène s’applique aux vols au départ et à l’arrivée de YYC et aux vols qui traversent les Rocheuses pour se rendre sur la côte ouest, ainsi qu’aux vols internationaux vers des destinations telles que le Groenland, les Highlands écossais, les Alpes et les Pyrénées.
En général, les répartiteurs portent attention aux GFA lors de la planification préalable à un vol. De plus, ils portent, comme il se doit, une attention particulière aux SIGMET pour prendre conscience de la présence des ondes de relief et des dangers qui y sont associés. La direction du vent (discussions sur les prévisions) joue un rôle important, mais elle ne peut être confirmée que par le répartiteur le plus observateur, de sorte que les répartiteurs comptent beaucoup sur les prévisionnistes au sujet des ondes de relief. Outre les prévisions, les PIREP en temps réel sont les indicateurs les plus précieux de la présence des ondes de relief.
Lorsque les ondes de relief soulèvent des préoccupations, les vols seront planifiés de manière à les éviter, soit par des déviations latérales, soit par des descentes tardives plus loin du côté sous le vent des montagnes, ce qui peut entraîner des coûts supplémentaires pour les exploitants.
Pour les pilotes professionnels, les ondes de relief ont des impacts similaires à ceux des ondes orographiques. Veuillez consulter ce terme pour plus de détails.